Hyperventilation et apnée
On ne vous le cache pas, mais on ne vous le dit pas non plus. Ou pas assez. Le corps humain n'est pas conçu pour l'apnée extrême. L'apnée prolongée a un coût, elle met à mal les neurones et surtout les cellules du muscle cardiaque.
On reste plus longtemps en apnée si on s'est hyperventilé préalablement. Là est précisément le danger. Mais pourquoi et n'est-ce pas paradoxal puisque l'hyperventilation apporte aux poumons un flux intense d'oxygène, donc une réserve ?
Qu'en est-il ?
L'air des
alvéoles contient plus de gaz carbonique que l'air que nous
respirons, car le cycle inspiration / expiration est
relativement lent.
Tandis que l'air frais arrive aux
poumons, le sang continue à déverser du gaz carbonique dans les
alvéoles. Or le besoin de respirer est ressenti lorsque la quantité de gaz carbonique atteint un certain seuil dans
les poumons.
Ce ne
sont pas les organes en manque qui suscitent le besoin de respirer,
mais l'évaluation de la quantité de gaz carbonique présente dans
les poumons.
Lorsqu'on respire
profondément très vite (hyperventilation), on expulse une partie
du gaz carbonique contenu dans les alvéoles pulmonaires. Si l'hyperventilation a
été longue, il n'y a presque plus de gaz carbonique dans les
poumons, il faudra donc plus de temps qu'habituellement pour
atteindre le seuil où se fait sentir le besoin de respirer.
L'apnée peut ainsi durer plus
longtemps...
Or le corps de l'apnéïste qui s'est hyperventilé consomme
autant d'oxygène que celui de n'importe qui. Il risque d'arriver au
point où ses réserves en oxygène sont proches de zéro sans s'en apercevoir, car il n'y a plus assez de gaz carbonique dans ses poumons pour le pousser à respirer.
Alors que l'apnéïste ne
se doute de rien, le manque d'oxygène dans le cerveau peut
provoquer une syncope.
Jamais donc d'hyperventilation avant l'apnée !
Mais il y en a qui déclarent que retenir sa respiration pendant 6 ou 7 minutes n'est absolument pas dangereux et que, si on s'évanouit, il reste toujours un peu d'oxygène pour le cerveau, le premier servi. Comme le champion Guillaume Néry qui pratique l'apnée comme un art, un art de vivre.
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L'apnée et le sport
Risques et dangers de l'apnée en piscine - C. Jolivet (2005)
Sites de JP Petit :
Le "Grand Bleu"
Apnée, Attention, Danger
Plonger sans respirer ? Drôle d'idée (La Cité de la mer, 2012)
Les limites de l'apnée - M. Parkes (Pour la Science, 2012)
Study of long-term brain damage effects on no-limits divers - L. Ridgway et K. McFarland (séquelles neurocognitives à long-terme dues à l'exposition répétée à l'hypoxie, 2006)
Les limites physiologiques de l'apnée - J. Baudoin et G. Zottos (2002)