Généralistes et pédiatres face au-dit JdF

Enquête états-unienne sur la sensibilisation des médecins aux pratiques d'hypoxie et à leurs symptômes


The Choking Game: Physician Perspectives  (1) a été publié en ligne le 14 décembre 2009 et est disponible pour consultation de l'étude dans son intégralité.

L'objectif était d'évaluer la conscience de l'existence du JdF que pouvaient avoir les pédiatres et d'observer leurs opinions quant à l'inclusion de cette pratique dans l'orientation préventive. 
L'étude, qui a porté sur 865 pédiatres et médecins de famille, a cherché à déterminer à quel point les médecins étaient sensibilisés au choking game et aux signes d'alarme, la prévalence suspectée de la participation des patients à cette activité et la volonté des médecins d'inclure le choking game dans leur orientation préventive à l'usage des adolescents. L'information sur l'emploi général d'une orientation préventive a aussi été recueillie.

La recherche de sensations extrêmes ou le comportement à risque, parmi les adolescents, a depuis longtemps contribué à la morbidité et à la mortalité dans cette classe d'âge. 
1. Dans les médias populaires, de plus en plus de comptes-rendus focalisent l'attention sur une activité dangereuse, parmi les adolescents, connue comme The Choking Game entre autres noms. 
2. Dans cette activité, les participants tentent de planer ou d'obtenir une sensation euphorique en privant transitoirement leur cerveau d'oxygène. Ceci s'effectue à travers une pression appliquée sur le cou par les mains d'un autre ou au moyen de ceinture, cravate ou autre lien. Ou bien cette activité peut consister à respirer profondément puis à retenir son souffle tandis qu'un autre, derrière vous, vous serre fortement le thorax jusqu'à ce que vous vous ayez le vertige et perdiez connaissance. 
Un récent rapport des CDC (Centers for Disease Control and Prevention) a recouru aux médias pour établir une évaluation de 82 morts dues au Choking Game entre 1995 et 2007. Hormis le danger létal d'asphyxie, les études de cas d'individus soupçonnés de participer au Choking Game ont montré la présence de lésions non mortelles, comme des attaques épileptiques, des maux de tête, des fractures et des troubles mentaux allant d'une subtile déficience cognitive à l'état végétatif permanent. L'étendue des conséquences cliniques de la pratique du Choking Game est probablement sous-représentées dans l'étude des CDC, bien des cas n'ayant jamais été rapportés ou ayant été classés erronément comme suicides.3. Ceux qui participent à cette activité décrivent souvent une seconde sensation agréable quand la pression est relâchée et que le flux de sang désoxygéné venant du cerveau est soudainement libéré.


On peut jouer au JdF en groupe ou tout seul, les participants ont souvent entre 7 et 21 ans. Cette activité est potentiellement mortelle quand le "joueur" est tout seul, perd conscience et donc ne peut se dégager du lien. Plusieurs études de cas ont fait état de la mort ou du coma d'adolescents, souvent des garçons, qui avaient été trouvés inconscients et plus tard identifiés, à travers leur famille ou leurs amis, comme des "joueurs" de JdF. 
Dans une tentative de faire connaître les risques associés au JdF, des groupes militants ont compilé des listes de décès liés au JdF, indiqués par des parents, et ont identifié plus de cent décès par an, entre 2005 et 2007.


Le questionnaire a été rempli par 163 médecins (taux de réponse : 21,8%). 118 (68,1%) avaient entendu parler du choking game, dont 68 (61,3%) à travers les médias (non scientifiques). Les pédiatres sont nettement plus conscients que les médecins de famille ou les pédiatres spécialisés de l'existence du choking game (P=.004). Parmi les médecins informés sur le choking game, 75,5% ont identifié ≥1 signe d'alarme et 52,3% en ont identifié ≥3. Seulement 7,6% des médecins sensibilisés au choking game ont indiqué qu'ils soignaient quelqu'un qui était susceptible de pratiquer et 2 (1,9%) ont affirmé inclure le choking game dans leur orientation préventive pour adolescents. Cependant 64,9% de tous ceux qui ont répondu pensent que le choking game devrait être inclus dans l'orientation préventive.


Près d'un tiers des médecins qui se sont prêtés à cette étude ignoraient l'existence du choking game, une activité potentiellement mortelle à laquelle se livrent les adolescents. En dépit du fait que le choking game devrait être inclus dans l'orientation préventive destinée aux adolescents, peu de médecins ont indiqué qu'ils abordaient cette question avec leurs patients. Afin d'améliorer leurs soins vis-à-vis des adolescents, il faudrait que pédiatres et médecins de famille prennent connaissance des comportements à risques, dont le choking game, auxquels les jeunes sont confrontés, et qu'ils puissent fournir une orientation par rapport à ces dangers.



(1)  Le terme "choking game" est aussi impropre que "jeu du foulard".