Effet "Grand Bleu"

Hyperventilation et apnée



On ne vous le cache pas, mais on ne vous le dit pas non plus. Ou pas assez. Le corps humain n'est pas conçu pour l'apnée extrême. L'apnée prolongée a un coût, elle met à mal les neurones et surtout les cellules du muscle cardiaque.

On reste plus longtemps en apnée si on s'est hyperventilé préalablement. Là est précisément le danger. Mais pourquoi et n'est-ce pas paradoxal puisque l'hyperventilation apporte aux poumons un flux intense d'oxygène, donc une réserve ? 
Qu'en est-il ?



L'air des alvéoles contient plus de gaz carbonique que l'air que nous respirons, car le cycle inspiration / expiration est relativement lent. 
Tandis que l'air frais arrive aux poumons, le sang continue à déverser du gaz carbonique dans les alvéoles. Or le besoin de respirer est ressenti lorsque la quantité de gaz carbonique atteint un certain seuil dans les poumons
Ce ne sont pas les organes en manque qui suscitent le besoin de respirer, mais l'évaluation de la quantité de gaz carbonique présente dans les poumons.
Lorsqu'on respire profondément très vite (hyperventilation), on expulse une partie du gaz carbonique contenu dans les alvéoles pulmonaires. Si l'hyperventilation a été longue, il n'y a presque plus de gaz carbonique dans les poumons, il faudra donc plus de temps qu'habituellement pour atteindre le seuil où se fait sentir le besoin de respirer. 
L'apnée peut ainsi durer plus longtemps...
Or le corps de l'apnéïste qui s'est hyperventilé consomme autant d'oxygène que celui de n'importe qui. Il risque d'arriver au point où ses réserves en oxygène sont proches de zéro sans s'en apercevoir, car il n'y a plus assez de gaz carbonique dans ses poumons pour le pousser à respirer. 
Alors que l'apnéïste ne se doute de rien, le manque d'oxygène dans le cerveau peut provoquer une syncope.
Jamais donc d'hyperventilation avant l'apnée !
Difficile d'oublier ce regard-là. Le champion de plongée en apnée Nicholas Mevoli vient de remonter à la surface, quelques secondes plus tard il s'évanouit et retombe dans l'eau, quelques heures plus tard il est mort.



Mais il y en a qui déclarent que retenir sa respiration pendant 6 ou 7 minutes n'est absolument pas dangereux et que, si on s'évanouit, il reste toujours un peu d'oxygène pour le cerveau, le premier servi. Comme le champion Guillaume Néry qui pratique l'apnée comme un art, un art de vivre.







                                -----------------------------------------------------------------------



L'apnée et le sport

Risques et dangers de l'apnée en piscine  - C. Jolivet (2005)

Sites de JP Petit :
Le "Grand Bleu"
Apnée, Attention, Danger

Plonger sans respirer ? Drôle d'idée  (La Cité de la mer, 2012)

Les limites de l'apnée - M. Parkes (Pour la Science, 2012)

Study of long-term brain damage effects on no-limits divers - L. Ridgway et K. McFarland (séquelles neurocognitives à long-terme dues à l'exposition répétée à l'hypoxie, 2006)

Les limites physiologiques de l'apnée - J. Baudoin et G. Zottos (2002)